— Et celui-ci ? — Merlin, non… Viviane secoua la tête, dépitée. Amusée, aussi, mais elle n’était pas sûre que l’admettre fût raisonnable. Cela reviendrait sans doute à encourager son frère dans ses pitreries. Pas que c’en fussent réellement pour lui – ou elle – ; iel prenait l’événement avec un sérieux tout relatif qui lui était propre. Avec une certaine excentricité et une pointe de démesure. Ce dernier – ou cette dernière, comme elle se considérait en ce moment – se dressait devant elle et levait les bras en prenant la pose, comme un prestidigitateur après un élément-clé de son spectacle. Ou plutôt comme une mannequin dans son défilé, car c’en était un, en quelque sorte. Un défilé. Un défilé de costumes halloweenesques divers, robes de sorcières, chemises déchirées de zombies, et autres, tous soumis à son jugement, afin de déterminer LE déguisement parfait à mettre pour partir à la chasse aux bonbons. Une mode qui venait d’Amérique, et que Merlin avait aussitôt adoptée. Le truc était devenu habituel entre eux, au fil des ans. Et comme aucun incident n’était survenu ces derniers jours, rien ne les obligeait à y faire l’impasse. Nul prétexte pour s’esquiver, donc. Enfin, elle aurait pu s’en trouver un, mais son frère aurait été particulièrement déçu. Et puis, au fond, c’était assez comique, même si elle ne le lui avouerait pas. Le – ou plutôt la – voir farfouiller ses réserves de vêtements dans ses immenses dressings était un spectacle en soi, de même que les tenues qu’elle testait. Pour certaines, le rapport avec la fête lui échappait quelque peu. A cet instant, elle avait revêtu une robe noire particulièrement moulante dans sa partie haute, constituée d’une sorte de corset aux lacets rouges, aux formes soulignées par des lignes de dentelle cramoisi, et d’une jupe courte plissée qui s’arrêtait aux genoux, dont chaque pli était rehaussé de cette même dentelle. Des manches courtes en forme de ballons cachaient ses épaules, tandis que des sortes de gants en résille noire couvraient ses avant-bras jusqu’au-dessus du coude. Des bottines cloutées aux semelles épaisses et lacées complétaient l’ensemble et s’arrêtaient juste en dessous du niveau de la jupe. Il n’y avait pas grand-chose à dire si ce n’était que, à son avis, elle ne convenait pas. Viviane lâcha un soupir tandis que Merlin attendait son verdict, dans l’expectative. — Je ne saurais même pas dire en quoi tu es déguisée. Les traits de Merlin se crispèrent en une moue faussement outrée. — Mais en sorcière gothique, bien sûr ! Viviane hocha la tête sans chercher à contrer son argument. Si elle voulait.
Les Libraires Gauchers de Londres - Merlin+Viviane - Un bonbon ou un sort 1/2
— Merlin, non…
Viviane secoua la tête, dépitée. Amusée, aussi, mais elle n’était pas sûre que l’admettre fût raisonnable. Cela reviendrait sans doute à encourager son frère dans ses pitreries. Pas que c’en fussent réellement pour lui – ou elle – ; iel prenait l’événement avec un sérieux tout relatif qui lui était propre. Avec une certaine excentricité et une pointe de démesure.
Ce dernier – ou cette dernière, comme elle se considérait en ce moment – se dressait devant elle et levait les bras en prenant la pose, comme un prestidigitateur après un élément-clé de son spectacle. Ou plutôt comme une mannequin dans son défilé, car c’en était un, en quelque sorte. Un défilé. Un défilé de costumes halloweenesques divers, robes de sorcières, chemises déchirées de zombies, et autres, tous soumis à son jugement, afin de déterminer LE déguisement parfait à mettre pour partir à la chasse aux bonbons. Une mode qui venait d’Amérique, et que Merlin avait aussitôt adoptée. Le truc était devenu habituel entre eux, au fil des ans. Et comme aucun incident n’était survenu ces derniers jours, rien ne les obligeait à y faire l’impasse. Nul prétexte pour s’esquiver, donc. Enfin, elle aurait pu s’en trouver un, mais son frère aurait été particulièrement déçu. Et puis, au fond, c’était assez comique, même si elle ne le lui avouerait pas. Le – ou plutôt la – voir farfouiller ses réserves de vêtements dans ses immenses dressings était un spectacle en soi, de même que les tenues qu’elle testait. Pour certaines, le rapport avec la fête lui échappait quelque peu.
A cet instant, elle avait revêtu une robe noire particulièrement moulante dans sa partie haute, constituée d’une sorte de corset aux lacets rouges, aux formes soulignées par des lignes de dentelle cramoisi, et d’une jupe courte plissée qui s’arrêtait aux genoux, dont chaque pli était rehaussé de cette même dentelle. Des manches courtes en forme de ballons cachaient ses épaules, tandis que des sortes de gants en résille noire couvraient ses avant-bras jusqu’au-dessus du coude. Des bottines cloutées aux semelles épaisses et lacées complétaient l’ensemble et s’arrêtaient juste en dessous du niveau de la jupe. Il n’y avait pas grand-chose à dire si ce n’était que, à son avis, elle ne convenait pas.
Viviane lâcha un soupir tandis que Merlin attendait son verdict, dans l’expectative.
— Je ne saurais même pas dire en quoi tu es déguisée.
Les traits de Merlin se crispèrent en une moue faussement outrée.
— Mais en sorcière gothique, bien sûr !
Viviane hocha la tête sans chercher à contrer son argument. Si elle voulait.